lundi 24 mai 2010

Éric Dantel sur l'existance

« Habiter une terre, c'est d'abord se confier par le sommeil à ce qui est, pour ainsi dire, au dessous de nous : base où se replie notre subjectivité. Exister, c'est pour nous partir de là, de ce qui est plus profond que notre conscience, de ce fondamental, pour détacher dans le monde environnant les objet auxquels se porteront nos soins et nos projet (...) Nous pouvons changer de lieux, déloger, mais c'est encore chercher un lieu; il nous faut une base pour poser l'Être et réaliser ses possibilités, un ici d'où se découvre le monde, un là-bas où nous allons. »

Dantel, Éric. (1952). L'homme et la terre, Paris : Presse universitaires de France, p.56

Éric Dantel sur le paysage

« Le paysage n'est pas un cercle fermé, mais un déploiement. Il n'est vraiment géographique que par ses prolongements, que par l'arrière plan réel ou imaginaire que l'espace ouvre au regard. »

Dantel, Éric. (1952). L'homme et la terre, Paris : Presse universitaires de France, p.42

Éric Dantel sur l'espace géométrique et géographique

« La géométrie opère sur un espace abstrait, vide de tout contenu, disponible pour toutes les combinaisons. L'espace géographique a un horizon, un modelé, de la couleur, de la densité. Il est solide, liquide ou aérien, large ou étroit : il est limite et il résiste. »

Dantel, Éric. (1952). L'homme et la terre, Paris : Presse universitaires de France, p.2

dimanche 25 octobre 2009

Marc Augé sur notre rapport au monde et à l'espace

«Nous vivons dans un monde que nous n’avons pas encore appris à regarder. Il nous faut réapprendre à penser l’espace.»

Augé, Marc. (1992) Non-lieux, Introduction à une anthropologie de la surmodernité. Paris : Seuil, p.48

Marc Augé sur la notion de sens

« Ce qui est nouveau, ce n’est pas que le monde n’ait pas, ou peu, ou moins de sens, c’est que nous éprouvions explicitement et intensément le besoin quotidien de lui en donner un : de donner un sens au monde, non à tel village ou à tel lignage. Ce besoin de donner un sens au présent, sinon au passé, c'est la rançon de la surabondance évènementielle qui correspond à une situation que nous pourrions dire de « surmodernité » pour rendre compte de sa modalité essentielle : l’excès. »

Augé, Marc. (1992) Non-lieux, Introduction à une anthropologie de la surmodernité. Paris : Seuil, p.41-42

dimanche 27 septembre 2009

Alain Corbin sur les émotions du paysage

« Le paysage est façon d’éprouver et d’apprécier l’espace. Or, cette lecture, qui varie selon les individus et les groupes, ne cesse de se modifier au fil du temps. Il faut donc prendre conscience de cette historicité quand on aborde le sujet. Ainsi, la manière de regarder s’est profondément transformée depuis la Renaissance. La notion de panorama, comme la mécanique du regard qui conditionne l’admiration sucitée par le jardin anglais, appartient à cette histoire. Mais le paysage ne se réduit pas à un spectacle. Le toucher, l’odorat et l’ouïe surtout, sont concernés par la saisie de l'espace. Tous les sens contribuent à construire les émotions que celui-ci procure. »

Corbin, Alain. (2001) L'homme dans le paysage, Paris: édition textuel, p.9

samedi 19 septembre 2009

Alain Corbin sur les représentations du monde

« L’appréciation individuelle peut se référer à une lecture collective. Toute société a besoin de s’adapter au monde qui l’entoure. Pour ce faire, il lui faut continuellement fabriquer des représentations du milieu au sein duquel elle vit. »

Corbin, Alain. (2001) L'homme dans le paysage, Paris: édition textuel, p.12

dimanche 13 septembre 2009

Alain Corbin sur la culture sensible

« On apprend que chaque société a établi sa propre hierachie et surtout sa balance entre les sens. Ses membres sont soumis à des modalités particulières de l’attention et subissent les mêmes seuils de tolérence aux messages sensoriels. L’ensemble de ces données : hierachie des sens, balance entre les sens, modalités de l’attention et seuils de tolérences aux différents messages sensoriels, contribue à construire une culture sensible. »

Corbin, Alain. (2001) L'homme dans le paysage, Paris: Édition textuel, p.20

Pierre Sansot sur la double approche du paysage

« Il est vrai qu'un paysage peut s'exposer d'une double approche. D'une part il se structure, il s'organise, il se refuse à moi dans son originelle altéré, il se singularise par des signes qui nécessitent la plus grande attention. D'autre part, il «s'atmosphérise», il devient une vibration, une odeur, une émotion unique, il se mèle à moi comme s'il n'était pas distinct de moi. »

Sansot, Pierre. (1983) Variations paysagères, Paris:Klincksiek, p.30

Pierre Sansot sur l'ouverture au monde

« Mais il existe aussi cette ouverture au monde lui-même, cette capacité de marcher sur un sol ferme sans vaciller, cet accord à la pierre, à la plante, au trottoir. On voudrait réhabiliter «l'urbanité», nous inciter à plus de courtoisie, au respect d'autrui. S'il s'agit d'une vertu qui irait au-delà d'une civilité formelle, elle doit s'inscrire à l'intérieur d'une relation plus large de politesse que nous entretiendrons à l'égard de la création. »

Sansot, Pierre. (1983) Variations paysagères, Paris:Klincksiek, p.18

Alain Corbin sur le paysage

« Le paysage est manière de lire et d'analyser l'espace, de se le représenter, au besoin en dehors de la saisie sensorielle, de le schématiser afin de l'offrir à une appréciation esthétique, de le charger de signification et d'émotions. En bref, le paysage est une lecture, indissociable de la personne qui contemple l'espace considéré. Évacuons donc, ici, la notion d'objectivité. »

Corbin, Alain. (2001) L'homme dans le paysage, Paris: édition textuel, p.11

mardi 8 septembre 2009

Augustin Berques sur le paysage

« Le paysage nait d’une dynamique où dans un continuel « déplacement », s’allient le percevant et le perçu. Le paysage est une relation toujours en mouvance. »

Berque, Augustin. (dir.) (1999) Mouvance, cinquante mots pour le paysage. Paris : Édition de la Villette, p.41

samedi 5 septembre 2009

Michael La Chance sur l'image

« À l’époque de la mécanisation de l’image, nous assistons à une réaction artistique : nous cherchons à faire de l’image une expérience analogique, un évènement de la peau, un théâtre d’ombres intérieures. Le travail sur ces images nous permet d’entrer dans la zone dangereuse de nos ambivalences, d’entrer en contact avec la fragilité de nos singularités personnelles. »

La Chance, Michael. (2007). « Image numérique », L’imprimé numérique en art contemporain. Trois-Rivières : Édition d’art le Sabord, p.19.

dimanche 30 août 2009

Hervé Fischer sur l'environnement visuel

« Il faut d’abord souligner que les hommes ont toujours vécu dans un environnement visuel, dans un paysage esthétique qui excite leur sensibilité perceptive. Le paysage actuel est à coup sûr moins naturel et plus artificiel. Nous vivons de plus en plus dans un cadre urbain et médiatique. Les images que nous percevons sont de plus en plus exclusivement de fabrication humaine. »

Fischer, Hervé. (2007). « Les infographes numériques »,
L’imprimé numérique en art contemporain. Trois-Rivières : Édition d’art le Sabord, p.24

mardi 25 août 2009

Michel Corajoud sur la mémoire du paysage

«Cette capacité d'isoler puis d’associer les innombrables termes qui composent un paysage, permet des explorations et des découvertes infinies. Le paysage est inépuisable en ce sens qu'il offre une multitude d'indices qui nous indiquent ce qu'il est, ce qu'il était et ce qu'il peut devenir. »

« Le paysage est une mémoire que je peux interroger.»

Corajoud, Michel. (1982). «Le paysage c'est l'endroit où le ciel et la terre se touchent», La mort du paysage?, Edition Champ Vallon, p.40

dimanche 16 août 2009

Catherine Grout sur l'émotion du paysage.

«Nous pouvons aisément comprendre que lorsque nous avons besoin de maîtriser le mouvement du monde, nous pouvons supporter de ressentir l'émotion du paysage, notre corps mis en mouvement participant alors à l'apparaître du monde. Nous pouvons chercher à dresser des barrières, à nous distancier du monde, à objectiver celui-ci pour en faire un ensemble d'objets récupérables et contrôlables. (...) Au lieu de ressentir une exaltation, le moment du paysage coïncide pour nous avec une dévastation. Destruction et dévastation ne sont pas identiques. La destruction empêche l'émotion du paysage, la dévastation accompagne l'émotion.»

Grout, Catherien. (2004). L'émotion du paysage, Bruxelle : La lettre volée, p.20

Anne Sauvagnargues sur la nature.

«On remarque ce qui change. On s'intéresse à ce qui arrive, ce qui se passe, non à ce qui est toujours là.»p.83

«Les humains n'ont pas renoncé à la nature, ils l'ont plutôt concentrée autour de chaque abri, comme condition vitale et fenêtre de rêve.»p.120

Sauvagnargues, Anne. (1999) «Je suis une pierre », La nature, Paris : Presses artistiques et littéraires de Shanghai.

dimanche 9 août 2009

Michel Corajoud sur la crise de l'environnement

« Je pose l'hypothèse que c'est notre désaccord avec le monde contemporain qui en pulvérise la perception; il n'y aurait pas de crise de l'environnement mais une crise de notre position par rapport à lui. Ce ne serait pas les paysages qui se désagrègeraient mais notre désir d'y être inclus, d'être de ce monde. (...) Pour éviter que cette réalité opère et se réalise en nous, qu'elle y fasse émergence, nous préfèrerions la disloquer, rompre et perdre le fil des choses qui la tissent. »

Corajoud, Michel. (1982). «Le paysage c'est l'endroit où le ciel et la terre se touchent», La mort du paysage?, Edition Champ Vallon, p.50

mercredi 5 août 2009

Michel Corajoud sur le concept et la forme

« Il me semble qu'aujourd'hui trop de créateurs pensent qu'il suffit de transposer leurs réflexions en systèmes formels, c'est-à-dire d'illustrer leurs pensées par des correspondances termes à terme. Ce qui donne à leurs projets plus de désuétude que d'efficience. La transsubstantation du concept en forme, l'oeuvre, implique le transit par ce lieu d'alchimie qu'est le corps. En imaginant le concept comme un ciel et la forme comme la terre, on sent bien que leurs coïncidences s'enracinent dans la pénombre.»

Corajoud, Michel. (1982). «Le paysage c'est l'endroit où le ciel et la terre se touchent», La mort du paysage?, Edition Champ Vallon, p.51