« Ce qui est nouveau, ce n’est pas que le monde n’ait pas, ou peu, ou moins de sens, c’est que nous éprouvions explicitement et intensément le besoin quotidien de lui en donner un : de donner un sens au monde, non à tel village ou à tel lignage. Ce besoin de donner un sens au présent, sinon au passé, c'est la rançon de la surabondance évènementielle qui correspond à une situation que nous pourrions dire de « surmodernité » pour rendre compte de sa modalité essentielle : l’excès. »
Augé, Marc. (1992) Non-lieux, Introduction à une anthropologie de la surmodernité. Paris : Seuil, p.41-42
2 commentaires:
C'est très vrai ce que dit Marc Augé. Je me suis fait la même réflexion lorsque qu'après le décès de ma mère, mon grand-père, son père, après avoir pleuré quelques instants et avec autant d'amour qu'il est possible, a relevé la tête pour reprendre le cours d'une vie longue, profonde et intense.
En le regardant réagir ainsi, je me suis rendu compte que cet homme vient d'une génération qui ne se questionne pas sur le sens de la vie ; elle est pour lui le bien le plus précieux. Il n'y a pas à s'interroger sur son sens hypothétique, elle a un sens en étant et c'est tout. Il prend les choses qui arrivent les unes après les autres, les vit, les tourne et les éprouve, les unes après les autres, les savoure quand c'est possible, les subit quand elles sont dures, mais ni ne s'en plaint, ni ne s'en désespère. C'est qu'il ne laisse pas l'excès l'atteindre. C'est beau et rassurant à voir, je ne saurais dire pourquoi...
Merci de ce témoignage de vie.
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